Décision du Bureau : 12.COM 2.BUR 4.5

Le Bureau,

  1. Rappelant le chapitre V de la Convention et le chapitre I des Directives opérationnelles,
  2. Ayant examiné le document ITH/17/12.COM 2.BUR/4, ainsi que la demande d’assistance internationale n  01252,
  3. Prend note que les États fédérés de Micronésie ont demandé une assistance internationale pour le projet intitulé Création d’une base de données d’inventaire du PCI regroupant les savoir-faire traditionnels de navigation astronomique dans l’État de Yap, en Micronésie:

En raison de la meilleure accessibilité à la technologie GPS (Global Positioning System) et des récentes tendances de migration des jeunes, le nombre de navigateurs traditionnels ayant les compétences et les connaissances nécessaires pour parcourir de longues distances en utilisant uniquement l’environnement naturel pour se guider, s’est considérablement réduit à Yap, l’un des États insulaires des États fédérés de Micronésie. Le projet vise donc à identifier et localiser les maîtres navigateurs, appelés « pwo », sur l’île principale et les huit îles périphériques (atolls) grâce à un travail de terrain, des entretiens avec les détenteurs de la tradition et la création ultérieure d’une base de données rassemblant des informations sur leur statut et leur emplacement, ainsi que sur les écoles existantes de navigation traditionnelle. La création de cette base de données devrait faciliter la mobilisation de fonds pour des programmes de renforcement des capacités et, ainsi, favoriser la revitalisation des connaissances et des savoir-faire de navigation. Le projet vise à renforcer les capacités des individus des diverses communautés concernées afin d’identifier et collecter des données sur les détenteurs de la tradition et leurs apprentis. Il entend également contribuer à la conception et la mise en œuvre de futurs programmes de formation et mettre en évidence le besoin de revitaliser ces pratiques pour la survie des communautés locales, sans avoir recours à l’importation coûteuse de ressources naturelles. Le projet sera mis en œuvre par le Bureau de préservation historique de Yap en consultation avec deux conseils insulaires traditionnels, qui représentent respectivement les communautés de l’île principale et des îles périphériques.

  1. Prend note en outre que cette assistance concerne l’appui à un projet mis en œuvre au niveau local afin de sauvegarder le patrimoine culturel immatériel conformément à l’article 20(c) de la Convention, et qu’elle prend la forme de l’octroi d’un don conformément à l’article 21(g) de la Convention ;
  2. Prend également note que les États fédérés de Micronésie ont demandé une allocation d’un montant de 23 117 dollars des États-Unis du Fonds du patrimoine culturel immatériel pour la mise en œuvre de ce projet ;
  3. Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier nº 01252, la demande satisfait aux critères doctroi de lassistance internationale énoncés aux paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles comme suit :
Critère A.1 : Bien que la demande mentionne l’implication des communautés dans plusieurs activités, notamment en tant qu’agents de terrain et traducteurs ou comme membres de l’auditoire des réunions de consultation préliminaires avec les conseils insulaires traditionnels, dont les recommandations seront reconnues et prises en compte dans la mise en œuvre des activités, la participation de la communauté est principalement présentée sur le plan théorique, sous forme de protocoles de recherche. Des informations supplémentaires sont donc nécessaires sur le plan que le Bureau de préservation historique de Yap souhaite coordonner pour parvenir à la meilleure approche d’implication des communautés. Ceci permettra de démontrer que la participation des communautés spécifiques dont le patrimoine est ciblé par le projet est aussi large que possible pour chaque activité proposée, y compris leur suivi et leur évaluation. Des informations supplémentaires sont également nécessaires pour démontrer que la demande émane, dans une certaine mesure, des besoins identifiés par les navigateurs astronomes traditionnels ;

Critère A.2 : En plus de comprendre trois activités sans dotation budgétaire, le budget n’est pas présenté de façon suffisamment claire, complète et précise ; des incohérences sont observées dans le montant demandé au Fonds du patrimoine culturel immatériel ; enfin, un budget plus détaillé et complet est nécessaire pour démontrer le bien-fondé du montant demandé, y compris pour les coûts à couvrir par des ressources non gouvernementales qui représentent 4 pour cent du budget du projet ;

Critère A.3 : Même si la demande comprend une série d’activités bien structurées qui sont présentées en ordre logique (constitution d’une équipe de projet / réunions de consultation préliminaires avec les conseils insulaires traditionnels / travail de terrain et collecte de données), les activités semblent principalement se concentrer sur l’identification de ressources humaines vivantes, tout en faisant référence à une autre étape (financée par une autre source), à savoir l’inventaire des savoir-faire liés à la navigation traditionnelle, pour laquelle aucun budget n’a été attribué. Des informations supplémentaires sont donc requises pour clarifier les résultats visés par le projet avant son achèvement, les modalités du processus d’inventaire ainsi que la façon dont il est lié à la sauvegarde du patrimoine qu’il cherche à identifier et répertorier ;

Critère A.4 : En l’absence de clarté quant aux résultats du projet souhaités, leur durabilité ne peut être clairement démontrée. L’accent mis par le projet sur l’identification des détenteurs de la tradition, considérés comme des « trésors vivants », et son ambiguïté sur la façon de mener le travail d’inventaire des connaissances et des savoir-faire de navigation empêchent d’affirmer avec certitude que l’identification des maîtres navigateurs n’est qu’une étape d’un plan de sauvegarde plus vaste et que le projet peut donc avoir des résultats durables ;

Critère A.5 : 17 pour cent du budget total du projet au titre duquel est demandée l’assistance internationale seront couverts par l’État partie, tandis que 41 pour cent seront fournis par une source de financement non définie ;

Critère A.6 : Même si le projet ne comprend aucune composante spécifique de renforcement des capacités, sa mise en œuvre devrait consolider les capacités de collecte des données et d’organisation des individus impliqués, ainsi que leurs capacités à mettre à jour la base de données des maîtres navigateurs. Toutefois, comme la collecte d’informations et la création de la base de données ne sont pas placées dans le contexte plus large de la sauvegarde des connaissances et des savoir-faire de navigation, des informations supplémentaires sont nécessaires pour démontrer que le renforcement des capacités aura des conséquences directes sur la sauvegarde des pratiques concernées ;

Critère A.7 : Les États fédérés de Micronésie n’ont jamais entrepris d’activités financées par le Fonds du patrimoine culturel immatériel ;

Paragraphe 10(a) : Le projet a une portée locale et sera mis en œuvre par des partenaires locaux et nationaux ;

Paragraphe 10(b) : L’intérêt que le projet souhaite susciter autour des liens entre le patrimoine culturel immatériel et la durabilité environnementale pourrait stimuler un appui financier supplémentaire des agences bilatérales de développement, des banques de développement ou de fondations publiques et privées. En outre, le projet a le potentiel d’être reproduit dans d’autres régions de l’État demandeur et pourrait inspirer d’autres petits États insulaires en développement ;

  1. Décide de renvoyer la demande d’assistance internationale pour le projet intitulé Création d’une base de données d’inventaire du PCI regroupant les savoir-faire traditionnels de navigation astronomique dans l’État de Yap, en Micronésie à l’État demandeur et l’invite à resoumettre une demande révisée au Bureau pour examen au cours d’une prochaine session ;
  2. Reconnaît la relation particulière des établissements humains avec la terre et la mer dans les petits États insulaires en développement ainsi que le potentiel de leur patrimoine culturel immatériel à être un moteur de développement durable, et apprécie l’initiative de l’État partie qui se tourne vers le Fonds du patrimoine culturel immatériel pour améliorer les conditions sociales et économiques des communautés, tout en respectant et promouvant l’harmonie avec leur environnement naturel grâce à la sauvegarde des savoir-faire de navigation astronomique traditionnel ;
  3. Encourage l’État partie, s’il souhaite resoumettre la demande, à réviser le contenu du projet en tenant compte des préoccupations soulevées ci-dessus ainsi que de celles abordées dans l’évaluation technique du Secrétariat, notamment pour mieux aligner le projet sur l’objectif général de l’assistance internationale fournie par le Fonds du patrimoine culturel immatériel pour soutenir les États dans leurs efforts en faveur de la viabilité du patrimoine culturel immatériel ;
  4. Encourage en outre l’État partie, s’il souhaite resoumettre la demande, à s’assurer de sa logique générale en évitant les incohérences entre les activités proposées, le calendrier et le budget et à accorder une grande attention à l’élaboration d’un budget rigoureux et transparent justifiant correctement les dépenses prévues.

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